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Sessions thématiques (STAIMS) > STAIMS 4 : Collectifs inter-organisationnels et défis sociétaux

Collectifs inter-organisationnels et défis sociétaux

Responsables

Mots-clés : collectifs d’organisations ; méta-organisations ; écosystèmes ; défis sociétaux ; dispositifs de gestion ; communs ; coopérations.

Les collectifs d’organisations rassemblent et impliquent des organisations généralement hétérogènes, tant sur le plan de leur nature (publique, privée ou hybride, à but lucratif ou non) que de leurs activités, leur degré de formalisation, la taille, le type de collectif qui les porte (Ahrne et Brunsson, 2011), ainsi que par leur inscription spatiale, territoriale (Lemoine et Delorme, 2023) et temporelle. Centrés autour d’un problème ou d’un projet commun favorisant des stratégies collectives inter-organisationnelles, ces collectifs émergent, se développent et se maintiennent par le biais de stratégies et de dispositifs de gestion, par la mise en place de véritables écosystèmes (Adner, 2017), et peuvent parfois aller jusqu’à la création d’une structure organisationnelle distincte, notamment de type méta-organisations (Coulombel et Berkowitz, 2025). Ces dernières permettent aux organisations de se réunir et/ou se coordonner afin de partager des ressources économiques, politiques, stratégiques mais aussi relationnelles (Dumez et Renou, 2020). Ces organisations prennent ainsi part à une action collective inter-organisationnelle, à un niveau méta, tout en permettant à chaque organisation impliquée de conserver son autonomie et son intérêt propre.

En raison de l’ampleur et de la dimension systémique des défis sociétaux, environnementaux ou économiques, mais aussi géopolitiques, technologiques et éthiques, parfois approchés en termes de « grand challenges » (George et al., 2016), les organisations sont amenées à plus de coordination, de coopération et d’action collective. On assiste ainsi à l’émergence de projets collectifs, plus respectueux des écosystèmes naturels et des êtres humains ou non humains, de formes d’organisation alternatives, parmi lesquelles les collectifs d’organisations. Ce phénomène se manifeste sur le plan empirique par une grande diversité de formes inter-organisationnelles : méta-organisations, écosystèmes, clusters d’innovation, tiers-lieux, réseaux territorialisés, pôles territoriaux de coopération économique, etc. Cela renforce l’intérêt de questionner les processus et modalités d’organisation collective.

Sur le plan théorique, ces collectifs sont considérés comme des formes plus ou moins spontanées qu’on peut qualifier d’organisations partielles (Ahrne et Brunsson, 2011 ; Berkowitz et al., 2024). En effet, nombre d’initiatives collectives ne se sont pas dotées d’une forme juridique ou d’une structure de gouvernance propre, telles que les clusters industriels, les

réseaux, les projets collectifs de territoire, les écosystèmes d’innovation ou les tiers-lieux. Ces formes méta-organisationnelles peuvent notamment constituer un point de rencontre entre organisations de différents secteurs (Trasciani et al., 2024), publiques et privées, autour d’enjeux d’innovation sociale (Saniossian et al., 2022), de gestion de communs (Ostrom, 1990) ou encore de développement économique solidaire (Grenier et al., 2020).

Plus encore que par leur forme organisationnelle, ces initiatives collectives se caractérisent aussi par la diversité des dispositifs de gestion qu’elles mobilisent, indissociables de l’élaboration de règles collectives, qui permettent leur émergence, leur structuration, leur développement et leur évolution.

Enfin, ces enjeux de transformation appellent à plus de réflexivité sur le plan de la recherche et de l’enseignement, notamment pour repenser la façon dont les chercheur.euse.s s’engagent pour la prise en compte de ces problématiques et la manière dont ils s’en saisissent dans leurs enseignements ou pratiques de valorisation et de diffusion.

Au sein de cette session thématique, nous discuterons de l’émergence, du développement ou du renouvellement des collectifs d’organisations, et notamment (mais sans exclusivité) ceux prenant part aux défis sociétaux et à la transition écologique et sociale.

 Plus particulièrement, nous visons à accueillir des travaux d’ordre théorique, méthodologique et empirique, autour de plusieurs thématiques, parmi lesquelles :

· L’étude des processus d’émergence et de structuration des collectifs d’organisation, les dispositifs de gestion associés et leurs régulations ;

· L’étude de la diversité des collectifs d’organisation et leurs formes parmi lesquelles les méta-organisations, les organisations partielles, les écosystèmes ou encore les communautés ;

· Les dynamiques d’adhésion, d’engagement, de coopération et de mobilisation des parties prenantes au sein de formes variées de collectifs ;

· Les modèles de gouvernance et processus organisationnels innovants développés par ces collectifs pour faire face aux défis sociétaux ;

· La façon dont les défis sociétaux et leur nature systémique requestionnent les relations et les modes d’interactions inter-organisationnels ;

· La place, le rôle et fonctions du territoire dans ces collectifs d’organisations ;

· Les méthodologies (et épistémologies ou ontologies) associées à l’étude des processus et dynamiques d’action collective inter-organisationnels ;

· Les recherches ethnographiques, celles prenant en compte les intersubjectivités, les approches de recherche engagée, voire l’activisme scientifique sur la question des formes ou des dynamiques inter-organisationnelles.

Cette liste n’étant, bien sûr, ni exhaustive, ni limitative.

 

Références :

Adner, R. (2017), Ecosystem as structure: An actionable construct for strategy, Journal of management, 43 : 1, 39-58.

Ahrne, G. et N. Brunsson (2011). Organization outside organizations: the significance of partial organization, Organization, 18 : 1, 83–104.

Berkowitz, H., O. Berthod et M. Grothe-Hammer (2024), Vers une théorie décisionnelle des organisations. Revue narrative des apports francophones à l’école européenne des organisations, Revue française de gestion, 317 : 4, 91-110.

Coulombel, P. et H. Berkowitz (2025), One name for two concepts: A systematic literature review about meta‐organizations, International Journal of Management Reviews, 27 : 2, 151-173.

Dumez, H. et S. Renou (2020), How Business Organizes Collectively: An Inquiry on Trade Associations and Other Meta-Organizations, Cheltenham: Edward Elgar Publishing.

George, G., J. Howard-Grenville, A. Joshi et L. Tihanyi (2016), Understanding and tackling societal grand challenges through management research, Academy of Management Journal, 59 : 6, 1880–1895.

Grenier, C., R. Ibrahim et L. Duprat (2020), Comment organiser un tiers-lieu éphémère pour favoriser l’émergence d’innovations institutionnelles ? Le cas d’un pôle d’opérateurs de services à domicile. Innovations, 61 : 1, 89-115.

Lemoine, L. et D. Delorme (2023), Ancrage d’un évènement sportif patrimonial dans son territoire: Une approche par le business model, Revue française de gestion, 49 : 2, 63-83.

Ostrom, E. (1990), Governing the Commons: The Evolution of Institutions for Collective Action, Cambridge: Cambridge University Press.

Saniossian, J., X. Lecocq et C. Beaucourt (2022), Meta-Organizations in the Making. A Multiple Case Study of Multi-Stakeholder Meta-Organizations for Social Innovation, M@n@gement, 25 : 2, 27–44.

Trasciani, G., F. Petrella et N. Richez-Battesti (2024), Navigating Cross-Sector Partnerships: Innovative Strategies and Challenges for Work Integration Social Enterprises in France, Journal of Social Entrepreneurship, 4 April 2024, 1–22.

 

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