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Sessions thématiques (STAIMS) > STAIMS 11 : Management et littoral : stratégies, organisation et redirectionsManagement et littoral : stratégies, organisation et redirections Responsables :
Mots-clés : stratégie de gestion de la bande côtière – management durable – responsabilité sociale des entreprises – redirection écologique des littoraux – business models durables – anthropocène La gestion durable des littoraux représente un enjeu majeur à l’heure du changement climatique, des phénomènes de pollution, d’érosion et de submersion marine. Face à la montée des océans et à la nécessité d’adapter les territoires, les approches dominantes mobilisent principalement les sciences géophysiques, le droit ou l’urbanisme. Si ces disciplines apportent des connaissances essentielles, elles ne suffisent pas, à elles seules, à répondre aux défis complexes de la transition écologique sur la bande côtière. Les transformations à opérer sont également d’ordre managérial. C’est pourquoi une approche résolument pluridisciplinaire, intégrant les sciences de gestion — et en particulier les études organisationnelles et la stratégie — apparaît indispensable. Le management stratégique dispose en effet d’outils et de cadres conceptuels particulièrement adaptés pour analyser et piloter les transitions à l’échelle méso, celle des organisations et des réseaux d’acteurs. Il peut contribuer de manière décisive à la réflexion sur la coordination interinstitutionnelle, la gouvernance territoriale et les nouvelles formes de création de valeur qui traversent les stratégies de recomposition des espaces littoraux. À cet égard, les travaux en management stratégique et en théorie néo-institutionnelle offrent un apport essentiel. Ils permettent d’interroger la notion même de « stratégie » appliquée à la gestion du trait de côte, souvent mobilisée par les géographes sans référence à la littérature managériale pourtant abondante sur cette notion.Or, la stratégie ne peut se réduire à un choix technique : elle engage des logiques de justification, des arbitrages de valeurs et des compromis institutionnels (incluant le non-humain) qu’il est indispensable de comprendre pour réussir la transition sur les littoraux (Taupin, 2019). La gestion des littoraux constitue ainsi un terrain privilégié pour interroger les tensions entre soutenabilité forte et maintien à long terme des activités économiques, mais aussi pour développer des dispositifs innovants de gouvernance. Ces « territoires sentinelles » (Bonnet & Landivar, 2024) permettent d’observer les recompositions en cours, tant du côté des organisations que des pratiques managériales. L’ambition de cette ST-AIMS est double : 1. Étudier les apports d’une réflexion organisationnelle et stratégique à la gestion socio-économique d’un territoire littoral affecté par le changement climatique. 2. Examiner les nouvelles manières de concevoir l’organisation qui s’esquissent à partir de l’étude des littoraux, comme laboratoires de la redirection écologique. Axes de contributions attendues Les contributions pourront s’inscrire dans différents axes de recherche, sans que cette liste soit exhaustive : · Études organisationnelles, méta-organisations, organisations sentinelles et gestion des risques (Bonnet et Landivar, 2024 ; Berkowitz, Crowder, & Brooks, 2020 ; Taupin, 2019 ; Ahrne et Brunsson, 2008), afin de renouveler l’organisation face aux aléas (érosion, submersion, pollution, etc.). · Business models et innovation organisationnelle (Taupin, 2024 ; Martí, 2018), pour penser de nouvelles formes d’activités littorales et de création de valeur adaptées au contexte du changement climatique. · Transformation du littoral et activités portuaires : les travaux historiques (Labardin, Lamendour, Marnot, Sfeir et Toki, à paraître) montrent le rôle moteur des zones littorales dans la mutation du capitalisme. D’abord inscrits dans un capitalisme mercantiliste, où ils constituaient des lieux centraux du commerce, les espaces portuaires deviennent, avec l’industrialisation, des infrastructures industrielles à part entière. Ils façonnent alors les hinterlands en y développant des spécialisations territoriales. · Espaces littoraux et management, en articulant les apports récents du « tournant spatial » en sciences de gestion (de Vaujany et Mitev, 2013 ; Taylor et Spicer, 2007) avec l’étude des zones côtières. Il s’agit de considérer que les organisations littorales sont situées dans un espace qu’elles co-produisent (Lauriol, Perret & Tannery, 2008), afin de renouveler l’analyse des dynamiques managériales en contexte de changement climatique. · Comptabilité et pilotage en soutenabilité forte (Naro et Rambaud 2023), en explorant les outils de mesure et d’évaluation adaptés aux transitions littorales. · Systèmes d’information et “smart littoraux” (George, Merrill, & Schillebeeckx, 2021), pour accompagner la collecte, l’analyse et l’usage critique des données territoriales sur la façade atlantique. · Construction de l’attractivité des espaces littoraux : Depuis 1945, on observe un déplacement progressif des populations vers les zones littorales. Ce mouvement, porté par l’essor du tourisme et par la construction d’imaginaires renouvelés largement relayés par les influenceurs, traduit une stratégie au sens d’un état projeté : habiter, valoriser et investir le littoral comme horizon privilégié des activités humaines. · Effets et réponses à l’attractivité des espaces littoraux : l’attractivité des espaces littoraux pose de nouveaux enjeux : la cohabitation entre touristes et résidents, les effets du tourisme sur l’immobilier et notamment les meublés de tourisme. · Redéfinition du périmètre des sciences de gestion à l’étude des littoraux, afin d’intégrer les défis posés par le changement climatique (Acquier, Mayer, & Valiorgue, 2024 ; George, Howard-Grenville, Joshi, & Tihanyi, 2016). · Management public et gouvernance (Taupin, 2024 ; Gustave, 2022 ; Heurteux, 2017), afin d’analyser la coordination multi-acteurs et les dispositifs institutionnels de gestion de la bande côtière, y compris les enjeux de communication, de sensibilisation et de conscientisation portés par certains projets européens (par exemple sur les captures accidentelles de dauphins). · Défis de l’enseignement supérieur et de l’ingénierie pédagogique (Carton et Valiorgue, 2023), pour expérimenter de nouvelles modalités de formation à la gestion de la redirection écologique des territoires littoraux. · Littérature émergente sur l’adaptation côtière au changement climatique (Taupin, 2024 ; Pilkey, Pilkey-Jarvis, & Pilkey, 2016), en particulier sur les stratégies de repli et de recomposition spatiale.
Références : Acquier, A., Mayer, J., & Valiorgue, B. (2024). Introduction. Anthropocène, limites planétaires et nouvelles frontières des sciences de gestion. Revue française de gestion, 315(2), 11-36. Ahrne, G. & Brunsson, N. (2008). Meta-organizations. Edward Elgar Publishing. Berkowitz, H., Crowder, L. B. & Brooks, C. M. (2020). Organizational perspectives on sustainable ocean governance: A multi-stakeholder, meta-organization model of collective action. Marine Policy, 118, 104026. Bonnet, E., & Landivar, D. (2024). Les organisations sentinelles. Revue française de gestion, 315(2), 125-142. Bonnet, E., Landivar, D. & Monnin, A. (2021). Héritage et fermeture : une écologie du démantèlement. Éditions Divergences. Carton, G., & Valiorgue, B. (2023). Préparer l’enseignement supérieur de gestion aux défis énergétiques et écologiques de l’Anthropocène. Revue française de gestion, 313(6), 101-121. De Vaujany, F.-X., & Mitev, N. (Éds.). (2013). Materiality and Space. Palgrave Macmillan UK. George, G., Howard-Grenville, J., Joshi, A., & Tihanyi, L. (2016). Understanding and tackling societal grand challenges through management research. Academy of management journal, 59(6), 1880-1895. George, G., Merrill, R. K. et Schillebeeckx, S. J. (2021). Digital sustainability and entrepreneurship: How digital innovations are helping tackle climate change and sustainable development. Entrepreneurship Theory and Practice, 45(5), 999-1027. Gustave, M. (2022). L’action publique locale à l’épreuve de l’Anthropocène : une étude comparative entre deux territoires littoraux atlantiques (Doctoral dissertation, Université de La Rochelle). Heurteux, A. (2017). Le développement durable : vers un nouveau mode de pilotage des politiques territoriales ? Le cas de la métropole Nice Côte d’Azur. Gestion et management public, 53(1), 27-42. Labardin, P., Lamendour, E., Marnot, B., Sfeir, S., Toki, R. (à paraître), Entreprises et littoral. Entreprises et Histoire, 121. Lauriol, J., Perret, V., & Tannery, F. (2008). Stratégies, espaces et territoires. Revue française de gestion, 184(4), 91-103. Martí, I. (2018). Transformational business models, grand challenges, and social impact. Journal of Business Ethics, 152(4), 965-976. Naro, G., & Rambaud, A. (2023). Pour une refondation des pratiques et théories comptables : vers une exigence de soutenabilité forte. Comptabilité Contrôle Audit, 29(4), 7-17. Pilkey, O. H., Pilkey-Jarvis, L. & Pilkey, K. C. (2016). Retreat from a rising sea: Hard choices in an age of climate change. Columbia University Press. Taupin, B. (2024). Érosion du littoral : Pour une organisation renouvelée. Éditions EMS. Taupin, B. (2019). The role of nonhuman entities in institutional work: The case of the ocean in a surfing-centered local economy. M@n@gement, 22(4), 584-618. Taylor, S., & Spicer, A. (2007). Time for space: A narrative review of research on organizational spaces. International journal of management reviews, 9(4), 325-346.
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